17 octobre 2024
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Open Banking entre opportunité et prise de risque

L’Open Banking est une innovation ayant quelques années maintenant. Elle vient désigner le partage et l’échange des données collectées par les banques et institutions bancaires sur leurs clients avec d’autres entreprises.

Open Banking between opportunity and risk

Posé ainsi ça parait à la fois simple et pratique. En termes de Lutte Contre La Fraude, à première vue disposer d’un accès aux informations du compte d’un particulier est une solution « idéale » pour certains risques pour lesquels l’appréciation de la solidité financière est essentielle… comme l’octroi d’un crédit, voire du BNPL. Explorons cependant ensemble les différentes implications du sujet.

Les origines

Initialement, cette innovation ne relève pas de la volonté des banques, mais du régulateur européen, en réponse à la volonté des FinTech. L’objectif étant d’établir un marché des moyens et services de paiement innovant, moderne et concurrentiel. C’est par la DSP2 que l’Open Banking obtient son « blanc-seing », puisque la Directive a notamment eu pour but d’ouvrir l’écosystème bancaire, de renforcer la sécurité des paiements en ligne et de favoriser les services financiers innovants.

Open Banking... la réalité

Certaines banques se montrent prudentes face à ce « partage forcé ». La mise en place de l’Open Banking nécessite une transformation des banques traditionnelles et de leur organisation interne.

En 2021, 40 % des dirigeants de quelques 300 banques estimaient que leur institution aurait besoin de 5 à 10 ans pour atteindre leurs objectifs en matière d’Open banking. Notons que la France fait partie des pays identifiés comme ayant les infrastructures et la maturité parmi les plus élevées en Europe.

Des données partagées… mais avec quel objectif ?

Il faut savoir distinguer le « cas d’usage » proposé par les différents acteurs.

Pour le particulier :

Toutes les solutions / applications proposant de l’agrégation de comptes bancaires, une meilleure gestion de son argent, etc.

Pour les entreprises :

Les possibilités sont plus nombreuses et variées. Il y a les cas d’usage éprouvés, et ceux émergents.

Dans le domaine du paiement et de la Lutte Contre La Fraude, on doit retenir :

1. L’intégration client intelligente (vérification du compte et de l’identité, auto-remplissage des formulaires, vérification des revenus et de la solvabilité).

2. Les paiements bancaires instantanés (alimenter des comptes, effectuer des paiements ponctuels)

Sur la vérification des revenus et de la solvabilité, ce sont les AISP (Account Information Service Provider) qui peuvent proposer ce service. Le processus d’admission, long et exigeant, garantit que seules les entreprises hautement qualifiées et soucieuses de la sécurité peuvent bénéficier de ce statut.

En termes de gestion des risques lors de l’octroi d’un prêt ou d’un crédit, l’accès à un historique bancaire semble idéal. A condition que le modèle analytique et « prédictif » soit à la hauteur. Reste le sujet de la « friction client ». Sur du BNPL, aujourd’hui perçu comme une commodité de paiement tant il est répandu, l’adhésion du client à un processus d’open banking pour un paiement fractionné demande encore pas mal d’éducation auprès du grand public.

Pour les paiements bancaires instantanés, ce sont les PISP (Payment Initiation Service Providers) qui peuvent le proposer. Le principal avantage étant que le paiement initié n’est pas contestable et moins coûteux qu’une transaction par carte bancaire. Demeure un sujet : que « l’immédiateté » du paiement soit généralisable.

En résumé :

Pour la Lutte Contre La Fraude, l’Open Banking par le prisme des AISP est à considérer dans un arsenal pour lequel le « risque financier » prend une part importante.

Pour ce qui est de l’adoption de PISP, c’est davantage à considérer comme un moyen de paiement venant s’ajouter à ceux déjà existant. Cependant, il est envisageable que l’évolution des usages pousse vers une augmentation de l’adhésion des consommateurs à ce moyen de paiement.