C’est l’annonce du mois de septembre qui a fait trembler le Darknet ! Suite à l'arrestation de Pavel Dourov fin août, Telegram va changer sa politique de confidentialité et pourra désormais dévoiler des informations privées aux autorités. Flashback sur un sujet qui n'a pas fini de faire couler de l'encre...
Le 24 août dernier, Pavel Dourov, patron de la messagerie Telegram, était arrêté à l’aéroport du Bourget. Cette arrestation est intervenue un mois et demi après l’ouverture d’une information judiciaire concernant pas moins de douze chefs d’accusation pour la plupart relevant de la criminalité organisée. Il ensuite été mis en examen le 28 août pour douze infractions parmi lesquelles « complicité d’administration d’une plate-forme en ligne pour permettre une transaction illicite, en bande organisée », « refus de communiquer, sur demande des autorités habilitées, les informations (…) nécessaires pour la réalisation (…) des interceptions autorisées par la loi » et « blanchiment de crimes ou délits en bande organisée ».
Qu’est-ce que Telegram ?
Telegram Messenger est une application et un service de messagerie instantanée multiplateforme gratuite hébergée dans le cloud. La première version a été lancée en 2013 par les frères russes Nikolaï et Pavel Dourov, fondateurs de VKontakte (le réseau social leader en Russie). Ils ont au départ créé cette application afin d’offrir la possibilité de communiquer hors du regard des services secrets russes notamment le FSB (Service Fédéral de sécurité de la fédération de Russie).
En mars 2014, Telegram annonce avoir 35 millions d’utilisateurs mensuels et 15 millions d’utilisateurs actifs par jour. En 2021, ils annoncent avoir franchi le cap des 500 millions d’utilisateurs actifs.
Pourquoi les fraudeurs utilisent Telegram ?
Telegram, à l’inverse de plateformes telles que Facebook ou Instagram, se distingue par son laxisme en matière de contenus illégaux. Jusqu’à présent, ils n’avaient pas réellement d’engagement de divulgation envers les autorités compétentes. C’est ce qui permet aux fraudeurs de bénéficier d’un certain niveau de confidentialité. L’autre point qui rend cette plateforme appétente pour les fraudeurs est l’absence de modération. Ce qui favorise la criminalité et la désinformation.
Quelles sont les conséquences de cette mise en examen ?
A la suite de cette mise en examen, le PDG de Telegram a voulu montrer sa bonne foi et a coopéré avec la justice française. Telegram a effectué des modifications dans sa politique de confidentialité et pourra désormais communiquer les adresses IP et numéros de téléphone des certains utilisateurs aux autorités à la suite d’ « une demande légale et valide ».
C’est un vrai changement de politique. En effet, jusqu’à présent, le seul motif de divulgation était celui de la suspicion d’activités terroristes.
Il a également annoncé vouloir faire des efforts en ce qui concerne la modération de la messagerie. Jusqu’alors, seule l’intelligence artificielle était utilisée. Il a affirmé vouloir renforcer leurs process avec des modérateurs humains pour rendre leur environnement plus sûr.
Que vont faire les fraudeurs ?
Ce sujet fait déjà beaucoup parler sur le Darknet et au sein des communautés expertes de la LCLF (Lutte Contre La Fraude). Les communautés malveillantes vont probablement s’orienter vers d’autres plateformes telles que Signal, comme solution de repli. Autre hypothèse : nous observerons peut-être la naissance de nouveaux outils pour répondre à ce besoin de « confidentialité ».
Nous vous tiendrons bien entendu informés de toutes les évolutions liées à cette annonce.